Ce matin un réveil un peu particulier. Ça fait presque un mois qu'on attend ce réveil. C'est celui qui nous annonce la dernière étape. On aurait aimé vous dire que nous fumes réveiller par un merveilleux soleil rosé mais cela fait maintenant 10 jours que nous n'avons pas vu la nuit. Malgré tout ce réveil nous émerveille.
Nous n'avons jamais été aussi proche du but. Le Cap Nord est là. 175km nous sépare de ce fameux globe signifiant l'arrivée au point le plus au nord du continent européen et le point final de cette folle aventure.
Il est 10 H. Il est temps de partir. Le vélo est prêt. La voiture est prête.
En route pour cette dernière étape
Je me réveille, mon genou me lance, ma tendinite s’est réveillée il y a 2 jours. Qu’importe je sais que c’est gagné. C’est gagné parce que je l’ai décidé. Parce que je l’avais décidé dès le 1er jour.
J’y serai ce soir, 120 kilomètres me séparent du Cap Nord. Je profite de chaque mètre parce que je sais que c’est bientôt la fin. Un temps avec d’autres cyclistes, puis seul. Déjà 80 kilomètres, plus que 39 et je serai là haut.
Le vent tourne, forcit légèrement, mais qu’importe, il ne reste plus rien. L’’effrayant tunnel du Cap Nord me fera descendre à 230m en dessous du niveau de la mer. Je remonte les pentes du tunnel sous le bruit assourdissant des véhicules me dépassant, à la recherche de cette lumière salvatrice.
17:40, sortie du tunnel, le plus dur est fait. Je remplis mes gourdes, Ludo annonce l’arrivée sur les réseaux sociaux.
Je repars mais pourtant je ne sais pas ce qui m’attend. 5km parcourus je suis obligé de mettre pied à terre.
Le vent de travers est trop violent, trop dangereux. Je remonte sur le vélo, je veux arriver ce soir.
Je manque de finir dans la fossé à plusieurs reprises à causes des différents appels d’air des voitures et camions.
Trop dangereux.
Je marche et pousse le vélo.
Je calcule la distance restante : 22 kilomètres, il me reste au mieux 1h de vélo, au pire 5h de marche, mais j’arriverai ce soir. Plus que 19 kilomètres je réessaye le vélo, je pédale, je prends des risques mais j’avance. Les rafales me font faire des écarts de plus d’1.5m en l’espace d’une 1/2 seconde. 13 kilomètres j’ai trouvé mon rythme.
Mais surtout, je sais que j’y serai ce soir, à pied ou à vélo , c’est gagné. J’explose, je pleure, de joie, de peur, de gratitude, de reconnaissance.
Je vis pour ces moments, pour me créer ces émotions, persuadé qu’à la fin du chemin il ne restera plus que ça : les moments de vie que j’aurai osé me créer .
J’y suis, le globe est devant moi, 18 mois après avoir pensé l’idée dans ma chambre pour la première fois.
L’océan s’avance devant moi, l’avenir aussi.
Mais avant ça, il grand temps de me retourner.