C’est parti : les paysages sont incroyables, la météo change, il fait 14 degrés. Les kilomètres défilent bien, les plats pays sont bels et bien derrière nous. On passe des fjords tous plus beaux les uns que les autres. Premier ferry, premier pont suspendu, mais surtout premières vraies montées.
20:15 : 136 bornes, 2200m de d+ et un mur devant nous. On voit un lac d’altitude 4 bornes plus loin on décide de pousser. C’était sans compter les pourcentages et les rampes à 22%. 4km et 400m plus haut on arrive au lac, fatigués.
Pas de temps à perdre, je m’en vais détendre mes jambes et laver mon petit cul dans de l’eau à 8 degrés maximum. Ludo nous prépare un repas incroyable. Il est tard, la même journée nous attend demain, on tarde pas.
Bonne nuit !
JOUR 14
Réveil assez frais, je crois que j’aurais pu dormir n’importe où. Mon duvet perd des plumes, je le répare avec une réparation de fortune.
On ne s’attarde pas trop, la pluie arrive. Lucas et Ludo sont bien moins motivés pour aller se baigner dans le fjord ce matin (on se fout de ma gueule, mais le lendemain matin y’a plus personne).
Les 2 premiers kilomètres à 10% nous réveillent comme il faut. Les paysages sont splendides, on arrive au sommet (presque trop vite).
1000m d’altitude on bascule. Ludo est là, la pluie aussi mais on fait le choix de faire la descente avant que la pluie ne s’intensifie.
Spoiler alert : la pluie a été plus rapide que nous. En bas du col on s’arrête pour mettre les tenues complètes : veste de pluie, pantalon de pluie, surchaussures. Lucas est prêt à aller combattre le COVID en Chine.
La pluie cesse un peu, on monte le 2eme col dans une atmosphère mystique. Bascule et c’est parti pour 1000m de descente au rythme des lacets, rivières et cascades !
Odda je retrouve Vegard, rencontré 5 mois plus tôt au Canada. La météo se maintient, on profite d’une heure et demi sans pluie.
Un ferry, quelques kilomètres pour finir la journée, et de nouveau une heure de pluie. On est trempés, intérieur, extérieur, on finira dans un camping pour faire sécher tout ça.
Norvège ô combien belle, ô combien exigeante.
JOUR 15
6h du matin j’entends la pluie fouetter la caravane dans laquelle on est restés cette nuit. Merci on est pas sous la tente.
Je me rendors jusqu’à 9:30, la pluie est incessante, on en profite pour rattraper notre retard au niveau des photos/vidéos.
10:30 : il pleut à torrent
11:30 : il pleut à torrent
12:30 : il pleut à torrent
13:30 : il continue de pleuvoir mais plus le choix il faut y aller. Les prévisions sont pas à l’amélioration et 120 kilomètres nous attendent aujourd’hui
Très rapidement la pluie fouette nos visages, nos vêtements techniques arrivent à leur limite. L’eau pénètre tous nos vêtements, le salut viendra dans le fait de ne pas s’arrêter. Je n’ai jamais reçu autant d’eau de toute ma vie, les heures sur le vélo sont longues mais je me sens en vie.
La route est compliquée, les voitures passent vite, on allume les lumières. Ludo reste derrière pour la sécurité dans les tunnels. Un virage à droite nous éloignera finalement de cette route. À la sortie d’un enieme tunel, je prends une claque.
On vient de rentrer dans les 10 derniers kilomètres avant le fjord et le ferry. À droite des falaises de plus de 600 mètres de haut, à gauche des falaises encore plus hautes.
Au milieu un couloir de moins d’1km de large, le tout ponctué par des dizaines de cascades qui se jettent de la montagne comme pour évacuer ce surplus d’eau que l’on prend depuis ce matin.
Je n’ai jamais rien vu d’aussi beau, je suis assez rapidement ému sur le vélo. Je revois ces heures de travail, d’entraînement, de doutes aussi qui m’ont traversé depuis un an et demi.
Il restera 65 kilomètres pour Skjolden après le ferry mais je m’arrêterai ici. Aujourd’hui j’ai véritablement compris ce que j’étais finalement venu chercher et c’est probablement que le début.
JOUR 16
Monter à 1500 m avec un vélo n’a normalement rien d’effrayant pour n’importe qui ayant déjà roulé dans les Alpes. Monter à 1500 mètres avec un vélo chargé de 13 kilos change déjà la donne. Partir de 10 mètres d’altitude aussi.
C’est le programme de ce matin, 28 kilomètres de montée dont 16 kilomètres à 8%, avec en bonus un peu (beaucoup) de pluie. On part de Skjolden après une nuit réparatrice et un petit déjeuner gargantuesque. 4 kilomètres d’échauffement, virage à droite, c’est parti.
Les premiers pourcentages sont déjà élevés. Plus de 8% sur les premiers kilomètres. On ne le sait pas encore à ce moment, mais il faudra attendre 7 kilomètres avant de rencontrer des pourcentages inférieurs à 7%.
Les kilomètres s’enchaînent, les voitures nous dépassant nous encouragent de toutes les façons (klaxons, cris, pouces levés). Tout se passe bien, on a pris notre rythme.
800m d’altitude : 7 degrés
1000m d’altitude : 5 degrés et pluie, on sort l’atiraille
1200m d’altitude : 3 degrés, la neige est là
1400m d’altitude : 2 degrés, on est trempés, brouillard on ne voit plus à 100m.
Il restera 9 kilomètres de redescentes et de bosses avec des passages à plus de 16%. 1423m on arrive au sommet, on fait le plein de calories et de chaleur dans un café.
45 kilomètres de descente à venir, encore humides mais avec une météo qui se dégage peu à peu. La descente est magnifique, entre lacs, neige, glaciers et cascades on en prend pleins les yeux.
1h20 plus tard on est déjà à Lom : fin d’étape.
Journée de repos demain, on est un peu en avance sur le programme.
Mais avant ça j’irai boire une bière avec quelqu’un d’assez spécial. Un réunionnais perdu un peu trop au nord de la map monde. Le grand nord lui a fait faire quelques folies capillaires mais n’a absolument rien changé à ce mec au grand cœur.
JOUR 17
Et un repos bien mérité...
JOUR 18
Réveil au bord d’un court d’eau après une nuit assez fraîche, 6-7 degrés maximum.
On prend notre temps, les organismes sont toujours fatigués au lendemain des journées de repos. Un bon petit déjeuner, un salut à nos collègues campeurs avec leur tente de toit et on se met en route. Qui dit journée de repos la veille dit aussi remonter tous les vélos pour repartir, tâche fastidieuse.
Les vêtements dans la sacoche de selle, l’électronique au milieu, la tente à l’avant, les piquets sous la sacoche de selle. 13:00 on est enfin prêts à partir. On longe les derniers fjords, la route est magnifique, un temps goudronnée, un temps en gravel nous rappelant certains chemins italiens.
On apprécie la chaleur et le retour du soleil. Il fait que 20 degrés, on a l’impression qu’il en fait 10 de plus. Rapidement la route s’élève. Après toute bonne montée, une bonne descente.
On sera aujourd’hui flashé à 73 km/h sur les vélos. C’est ensuite parti pour 15 bornes de montée pour arriver sur ce haut plateau à près de 1000m d’altitude.
Je regarde la météo pour trouver un endroit pour camper. La nuit dernière il a fait -2 degrés ici. Un peu juste avec notre équipement. On repart dans la descente, espérant gagner quelques degrés.
700m d’altitude on trouve une pépite en bord de rivière avec tables, bancs, feu déjà préparé. On s’installe, quelque soit la température c’est ici qu’on passera la nuit ! Le feu prend bien, les aiguillettes de poulet braisent tranquillement, je pose mes chaussettes au bord du feu pour les faire sécher.
Tellement proches qu’elles s’en souviennent encore : et oui y’avait pas que du coton dans ces chaussettes. Une paire seulement pour finir les 12 derniers jours, pas sur que Ludo apprécie l’odeur dans la tente.
JOUR 19
Le réveil sonne, je sais pas quelle heure il est mais j’ai bien dormi. Lucas me dit qu’il a eu froid. Le thermomètre est descendu aux alentours des 5 degrés.
Le soleil vient nous réchauffer rapidement. Tellement rapidement que l’idée saugrenue de se baigner dans la rivière venant du glacier 500m plus haut germe dans la tête de Lucas et Ludo.
Après 2 essais, ils sont dedans, lavés.
Par fierté je me décide d’y aller.
Comme par surprise je m’aperçois assez rapidement qu’elle est très froide, tellement froide que sortir de l’eau à l’effet d’un radiateur.
12:00 je suis réchauffé, on part vers Trondheim. Le vent de face est pénible, heureusement que la route descend essentiellement. Pour la première fois je commence à penser à l’après Trondheim.
Lucas finit à Trondheim ce soir, il me restera 1600 bornes, seul sur le vélo, livré à moi-même.
« Comment tu fais pour ne pas avoir peur ? »
J’ai de l’appréhension, de la peur même peut être. Je visualise énormément les moments difficiles qui arriveront dans les prochains jours, parce qu’il y en aura. Il restera normalement 11 jours. Les jambes sont là, la tête aussi, je ne lâcherai rien.
C’est la dernière soirée ensemble, mais nul doute qu’il y aura encore d’autres choses à faire ensemble après. Des idées ont déjà émergé.
En attendant on prend une pinte pour fêter la fin de trajet. Puis une deuxième. En demandant à être hébergé dans le jardin de nos voisins de table on pensait pas recevoir une 3eme tournée. Magnifique soirée pour finir chez les Pedersen
Je dois emmener mon vélo chez un réparateur demain, le pédalier fait un bruit bizarre, rien de grave j’espère.
Vous souhaitez continuer vers l'étape suivante ?
Dans la prochaine étape vous pourrez nous suivre de Trondheim jusqu'a Bødo.
Une traversée de la coté Nord-Ouest de le Norvège marquée par des rencontres magnifiques et une première idée de ce qui nous attend dans le grand nord.
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